Encore plus motivées et impatientes de se lancer dans leur aventure entrepreneuriale qui s’approche à grands pas, les bénéficiaires d’InnovAgroWoMed à Béja en Tunisie ont quitté les locaux du Lycée Sectoriel de Formation Professionnelle Agricole en Elevage de Bovins après 5 semaines consécutives de travaux pratiques, passées au cœur de l’époustouflante nature de Thibar, au Nord-Ouest tunisien.

Le Centre de la Femme Arabe pour la Formation et la Recherche (CAWTAR), partenaire du projet InnovAgroWoMed en Tunisie a en effet fait profiter ses bénéficiaires du projet en Tunisie d’une formation pratique approfondie en fabrication de fromage, pour boucler en beauté le parcours de formation qui a été lancé par le projet il y a quelques mois. 

Après des dizaines d’heures d’apprentissage théorique multidisciplinaire et adapté aux besoins de ces futures entrepreneures, il était grand temps de renforcer davantage ce socle théorique par la pratique. Ces 5 semaines intenses et spécialisées étaient l’occasion de mettre, littéralement, la main à la pâte… et au lait aussi ! 

Le fromage n’a plus de secrets…

Le processus de fabrication de plusieurs types de produits laitiers (Gouda, ricotta, beurre, Edam, Emmental, Yogourt…) allant des fromages frais aux fromages cuits et semi cuits, a été minutieusement passé au peigne fin et pratiqué dans ses moindres petits détails, à commencer par la pasteurisation, passant par la cuisson, l'affinage, le cirage et en allant jusqu’au stockage et au pesage. Les bénéficiaires ont aussi osé revisiter les recettes proposées pendant la formation en ajoutant leur propre touche et introduisant plusieurs goûts et arômes aux fromages frais produits, tels que le persil, l'ail, le poivre et la reine de la cuisine tunisienne : notre « Harissa » nationale (purée de piments rouges), produit phare du terroir !

Juste avant d’entamer ces travaux pratiques, les concepts fondamentaux de l'élevage et l'importance de la nourriture de la vache pour obtenir un lait de bonne qualité indispensable au bon rendement fromager ont été également présentés aux participantes en marge de visites programmées dans des fermes pilotes de la région de Béja. Elles ont par ailleurs appris à faire les différents tests de lait pour vérifier sa qualité, le mouillage, la densité, et la présence d'antibiotiques.

Pour clôturer cette formation pratique en étant sûrs d’avoir transmis tout ce qu’il faut aux bénéficiaires, un dernier module en classe a été dédié à la mise en place et à la gestion d'une fromagerie. Il s'agit du cadre législatif qui règlemente l'activité et les textes juridiques relatifs aux fromagers. En fait, en Tunisie, il y a un cahier des charges et un agrément sanitaire à respecter par les professionnels du métier. 

Elargir les connaissances c’est bien, stimuler des réflexions, c’est encore mieux…

Au-delà de tous ces acquis théorique et pratique relatifs à la transformation des produits laitiers, les bénéficiaires du projet ont également eu une énième occasion de travailler en équipe, développer leur relationnel, s’intégrer, agrandir leur carnet d’adresses et renforcer le sens de l’appartenance. 

Imen SOUISSI, une des bénéficiaires du projet en Tunisie nous a affirmé que « Le formateur, étant en plus de sa qualité pédagogique éleveur et membre d'une société mutuelle de services agricoles, nous a fourni des contacts de fabricants et de vendeurs d'équipements fromagers. Il a aussi donné une présentation détaillée du secteur du lait en Tunisie avec ses difficultés et défis et ce, pour pérenniser des projets de fabrication de fromages ». Quant à Ameni JELJLI, elle dit avoir « apprécié les contenus de cette session mais surtout la méthode du formateur qui était très sympathique et professionnel, et qui a su nous transmettre sa passion. Cette formation nous a permis de faire attention aux petits détails et de s’assurer de l’application des bonnes méthodes. ».

Les bénéficiaires du projet se sont également montrées déterminées et inébranlables à contourner tous les obstacles géoculturels et socio-économiques ayant ralenti leur développement pendant des années. Leurs réflexions sont de plus en plus profondes et vont au-delà du court terme. Imen affirme dans ce sens qu’elle « a découvert que c'est un vaste domaine qui nécessite un amour et une connaissance de la nature et de l'animal, mais aussi du contexte national et international. En fait, l'alimentation du bétail est une affaire universelle. Les éleveurs dans tous les pays du monde sont dépendants du soja devenu un élément essentiel pour nourrir correctement les vaches. Toutefois, le marché du soja est complexe car il y a des pays qui le dominent et son prix ne cesse de croître. Pour faire face à ce défi, il est indispensable de penser à des alternatives et qui soient accessibles en Tunisie ».

InnovAgroWoMed est un projet co-financé par l’Union Européenne dans le cadre du Programme IEV CTF Med, qui s’inscrit en effet dans cette approche de stimulation de la participation des femmes au marché de travail et de leur esprit entrepreneurial, en tirant parti du potentiel du secteur agroalimentaire.

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