MED-InA en Tunisie donne un coup de pouce aux 4 lauréats dans leur projet d'économie circulaire

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Photo: Lab'ESS

Le 22 novembre 2021 s’est tenu le jury de l’appel à candidatures organisé par l’incubateur tunisien Lab’ESS, dans le cadre de l’implication du secteur privé dans l’initiative Zéro Déchet du projet MED-InA. Avec Sarah Naili (SN), responsable de Lab’ESS pour cet événement, retour sur un processus qui a récompensé 4 projets innovants contribuant à l’économie circulaire locale à La Marsa en Tunisie.

Quel est le processus qui a précédé cet événement de "elevator pitch" devant le jury ?

S.N : Nous avons lancé un appel à candidatures sur le mois d’octobre : parmi l’ensemble des candidatures, 14 projets « finalistes » ont été présélectionnés par le Lab’ESS et invités à participer à un « bootcamp » (un atelier participatif, les 8-9 novembre). Pendant 2 jours, les 14 projets (21 participants) se sont rencontrés dans une belle ambiance, ce qui leur a permis d’identifier des synergies entre eux, et de s’encourager mutuellement entre acteurs d’une économie circulaire encore « de niche » à Tunis.

Outre des exercices d’interaction et de partage collectif, les participants ont bénéficié de l’accompagnement de Justine Laurent (circulab - Paris) sur l’intégration des principes de l’économie circulaire dans le développement de leur business plan. Circulab a développé un modèle dit de « circular canvas », une version améliorée du « social business model canvas » (SBMC) : les participants se sont vus proposer des exemplaires A3 à remplir avec des post-it, à voir sur la vidéo du bootcamp réalisée par le Lab’ESS.

Enfin, Sarah Naili et Narjes Kittar ont proposé une préparation au pitch (présentation du projet en très peu de temps pour convaincre son interlocuteur) ; le chemin parcouru par les porteurs de projet entre le bootcamp et la présentation au jury fut frappant. En 2 semaines la plupart d’entre eux avait déjà évolué dans la manière de penser le projet, avec des nouveautés, des perfectionnements et même dans l’attitude pendant le pitch. Ainsi, dans la dernière ligne droite, certains se sont vraiment révélés : cela se joue parfois à peu de choses, à quelques minutes…

Quel fut le déroulé de la journée de pitch, et les règles du jeu pour chaque candidat ?

S.N : Le jury s’est tenu lundi 22 novembre, avec pour objectif de retenir 4 projets sur les 14 finalistes : 2 dans la catégorie « idéation », et 2 dans la catégorie « entreprise ».

Chaque projet avait 5 minutes pour présenter, suivies de 10 minutes de questions-réponses avec le jury. Le Lab’ESS avait mis à disposition du jury un outil d’évaluation en fonction de critères repris de la grille d’évaluation utilisée lors de la présélection initiale. Chaque membre du jury a donc classé chaque salve de 7 projets (idéation le matin, entreprise l’après-midi) de 1 à 7, avant un vote sur l’application Mentimeter (de 1 à 10) permettant de faire apparaître les tendances globales du jury avant délibération plus approfondie.

L’idée était de sélectionner les 2 meilleurs projets dans chacune des deux catégories, ce qui a facilité le consensus au sein du jury : pas besoin d’être d’accord sur la note de chacun des candidats, simplement sur les 2 meilleurs.

Quelle était la composition du jury ?

S.N : Nous avons constitué un jury résolument varié :

- Larbi Ben Tili (Commune de la Marsa, partenaire et ville pilote du projet MED-InA),

- Chaima Ktaifi, Secrétaire Générale de l'association Zero Waste Tunisia et membre du Collectif Zéro Déchets Tunisie (société civile),

- Thomas Egoumenides, architecte ayant développé des ateliers associatifs de sensibilisation au recyclage (secteur privé),

- Nidhal Attia, spécialiste en économie circulaire pour la Heinrich Böll Stiftung,

-Sarah Naili, Narjes Kittar et Rachid Abidi pour le Lab’ESS (incubateur d'entreprises d'innovation sociale),

- Alain Daou (Université Américaine de Beyrouth, partenaire de MED-InA, qui coordonne l’action des incubateurs en Tunisie, Jordanie et Espagne).

Au-delà de leur rôle de juges, les membres du jury ont également prodigué des conseils et des perspectives aux candidats : Thomas a été très proactif au niveau des questions aux porteurs en phase d’idéation ; fort de  son expérience dans le recyclage, il a pu conseiller l’idéation de Warka qui travaille sur des procédés de papier recyclé : notions sur les coûts et la faisabilité de lancer ces produits en Tunisie, prix de vente, coût de revient, manque de produits adjuvants non commercialisés en Tunisie d’où la difficulté de développer un papier recyclé rentable, etc. Ce genre d’avis entrepreneurial fut précieux pour les candidats.

Larbi a pu évoquer d’éventuels appuis de la commune de La Marsa aux projets, et partager son expertise du territoire. Des entretiens en « one-to-one » entre lui et les lauréats auront lieu le 16 décembre afin de déterminer dans quelle mesure la commune de La Marsa peut soutenir le développement de ces projets.

Quels sont les candidats retenus, et comment se sont-ils distingués ?

1er prix d’idéation : Hortikos Farm propose des solutions d’hydroponie, mais également de sensibiliser et créer une autosuffisance alimentaire en milieu urbain.

2e prix d’idéation : Warka fait des prototypages pour recycler le papier : les porteuses ont d’autres projets de produits (abat-jours…), l’idée étant de se positionner sur des produits plus haut-de-gamme afin d’assurer une rentabilité à partir de papier recyclé (dont la vente en tant que tel ne suffirait pas). Ce projet a été monté par un collectif d’étudiants en école d’architecture.

1er prix entreprise : Indinya a un atelier à Bhar Lazraq, zone défavorisée de la commune de La Marsa, dans lequel il y a une broyeuse de verre. Les déchets en verre sont récupérés dans les zones boisées de Gammarth. Avec la broyeuse, qui va pouvoir être améliorée grâce au prix, est artisanalement produite une poudre de verre qui sert à la fabrication de matériaux recyclés de construction (bâtiment).

2e prix entreprise : Debrasy propose des locations de mobylettes pour les chiffonniers. La personnalité du porteur, son côté très humain a beaucoup touché le jury, car il prend le temps d’être au contact de ces chiffonniers et d’œuvrer à leur réinsertion professionnelle et sociale.

La sélection s’est portée sur des lauréats aux projets variés dans les domaines de l’économie circulaire. Parmi les éléments pris en compte se trouvaient le potentiel et l’impact pertinents pour le développement de la Commune de la Marsa et pour ses habitants, ainsi qu’un lien avec le Zéro Déchet et l’application des principes de l’économie circulaire. D’où l’importance de la présence dans le jury de Larbi Ben Tili, responsable du projet MED-InA pour la Commune de la Marsa.

Il s’agissait également de retenir des projets non seulement pertinents et variés, mais aussi des projets qui en sont à un stade où l’incubation proposée par le Lab’ESS aura un réel impact, préalable à leur croissance, accélération et médiatisation.

Quelle est la récompense des lauréats, et quelle est la suite maintenant pour ces 4 projets ?

S.N : Les lauréats reçoivent un prix (1er prix de 10 000 euros et 2e prix de 5000 euros pour chacune des deux catégories) du partenaire libanais de MED-InA, l'AUB.

Ensuite, ils vont bénéficier d’un programme d’accompagnement et de formations avec l’incubateur Lab’ESS.

Calendrier :

  • Début décembre 2021, signature de leur convention d’incubation avec Lab’ESS puis entretien individuel avec Justine Laurent de circulab, pour finaliser leur Circular Canvas initiés pendant le bootcamp
  • Janvier à mars 2022 : formations sur étude de marché, stratégie marketing, prise de parole en public, étude économique, étude juridique, etc.

Parmi les finalistes non-retenus, certains se sont-ils particulièrement illustrés ?

Tous les finalistes ont été invités à candidater également à l’incubation Lab’ESS qui débutera en janvier, et dont les 4 lauréats bénéficieront : ils pourront donc s’y retrouver afin de creuser les synergies entrevues lors du bootcamp !