#WOMED - Diplôme et compétences, leviers pour casser le stéréotype de la femme occupant un poste de gestion des déchets : découvrez l'histoire de Farah Dawoud, Jordanie

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C´est le cinquième volet de notre série de sept articles publiés dans le cadre de la Journée internationale de la femme pour mettre en lumière des femmes qui ont réussi à casser des stéréotypes dans leur société  grâce aussi à leur participation à des projets financés par le programme  IEV CTF Med.


Farah Dawoud est responsable des décharges au sein du département de gestion des déchets solides du ministère jordanien de l'administration locale. Elle a étudié génie civil puis a fait un master en énergies renouvelables. Elle est également la personne de contact au ministère pour le projet REUSEMED.

De nos jours, dans la plupart des pays arabes, les filles qui étudient les STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) sont nombreuses et c´est assez courant. Le fossé se creuse lorsque ces femmes armées de leurs diplômes universitaires veulent entrer sur le marché du travail. Se marier et avoir des enfants est probablement l'un des principaux obstacles qui les empêchent d'accéder à des postes intéressants ou d'aspirer à développer leur carrière professionnelle.

Farah attire également l'attention sur le fait que toutes les spécialités d'ingénieurs ne sont pas confrontées au même problème. Un ingénieur chimiste ou industriel signifie beaucoup de travail de bureau tandis que les emplois d'ingénieur civil, mécanique ou électrique impliquent plus de travail sur le terrain, il y a donc plus d'hommes dans ces secteurs. Alors, comment Farah a-t-elle réussi à atteindre ce poste de responsable des décharges au ministère, visitant les décharges dans les municipalités reculées de Jordanie jusqu'à des heures tardives ?

Mais d'abord, réfléchissons à ce qui fait que la société jordanienne accepte de plus en plus que les femmes occupent des postes qui étaient habituellement occupés par des hommes jusqu'à il y a environ 10 ans ?

Les donateurs internationaux et la crise économique poussent la société vers plus d'équilibre homme/femme au travail

En 10 ans, la Jordanie a vu arriver 1,3 million de Syriens sur son territoire pour une population de 10 millions. Les donateurs internationaux ont commencé à mettre en œuvre des programmes pour aider le gouvernement jordanien à intégrer les réfugiés syriens. Dans chaque programme, il y a un volet « autonomisation des femmes » comme l'explique Farah en évoquant les programmes « Cash for Works ». Ce terme fait référence aux programmes d'emploi qui offrent aux réfugiés et à la population locale la possibilité de gagner de l'argent. Grâce à ces programmes, les femmes ont commencé à être formées à des métiers habituellement réservés aux hommes tels que électriciens, plombiers, etc. 

Les crises économiques ont ajouté une composante à « ces stéréotypes à casser » car le coût de la vie a beaucoup augmenté en Jordanie donc il n'y a pas d'autre choix que de compter sur un deuxième salaire pour payer les factures.

“Depuis le début, mon diplôme a été le meilleur atout qui m'a permis d'entrer au Ministère, d'y travailler et de développer ma carrière.”

Beaucoup de travail et la mise à jour de mes compétences sont des éléments clés
Dans le cas de Farah, travailler dur au cours des 12 dernières années au ministère a permis de se forger une réputation et de se faire connaître pour ses compétences. Elle a également décidé de commencer un master en énergies renouvelables, une nouvelle spécialité en Jordanie. Ce qui l´a poussé à étudier cette spécialité est sa volonté d'élargir ses compétences et de s'aligner aux défis mondiaux actuels: le changement climatique et l'économie verte.
Vers la fin 2017, lorsque le ministère a décidé de créer la division de la gestion des déchets solides et que les décideurs savaient que Farah faisait ce master, aligné sur les priorités du ministère, et sachant comment elle travaille, ils ont décidé de la nommer comme responsable des décharges et des stations de transfert des déchets.


Farah travaillant sur le terrain en Jordanie

“Comment une femme peut être à la tête des décharges d´un pays, c'est vraiment quelque chose d´inédit dans la société jordanienne.”

Femme et responsable de décharges ?
Lorsque les gens pensent aux emplois liés à la gestion des déchets, ils imaginent généralement des agents d´entretien et aux ramasseurs des camions poubelles. Ils ne pensent pas que ce genre d'emplois requiert des compétences techniques et scientifiques, de la planification afin d'avoir des infrastructures saines. Cela passe aussi par l'implication des citoyens, l'organisation de campagnes de sensibilisation. C'est ce que Farah essaie d'expliquer pour casser l'idée que les gens ont de la gestion des déchets. Elle fait face à plus de difficultés pour gérer des longues procédures administratives et le manque de personnes qualifiées que de discrimination au travail ou d´un manque de respect pour être une femme.


Du recyclage à la réutilisation : casser à nouveau un stéréotype
Dans le cadre de REUSEMED, Farah est ravie de promouvoir la culture de la réutilisation. Elle est fière des femmes de la municipalité de Deir Alla, au nord de la Jordanie (une des régions participante au projet) car elles sont déjà assez sensibilisées et organisées pour mettre en place des circuits de réutilisation, identifier les points de collecte, organiser la réparation et les endroits où les utilisateurs peuvent réutiliser ces produits. Elle espère sincèrement que cette expérience pourra être reproduite dans d´autres municipalités à travers le pays et changer le comportement de la société de consommation dans laquelle on vit aujourd'hui.