Emploi et stabilité : ce qui ressort des préoccupations du débat entre jeunes méditerranéens à l´occasion de la journée de l´Europe

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A l´occasion de la journée de l´Europe, le programme IEV CTF MED a de nouveau donné la parole aux jeunes des deux rives de la Méditerranée pour partager leur préoccupation et leur vision sur l´avenir.

Les priorités semblent les mêmes que celles abordées par d´autres jeunes l´année dernière à savoir l´emploi, le changement climatique, les droits de l´homme et la lutte contre la corruption, mais le ton a changé. Nous sortons à peine d´une pandémie qui a secoué tout le monde ces deux dernières années et nous voilà face à de nouvelles épreuves : une inflation galopante et la guerre en Ukraine.

Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de rappeler l´importance de la politique européenne de voisinage dont l´objectif principal est de maintenir la paix et la stabilité. C´est ce qu´a rappelé le secrétaire pour l´UE et les relations extérieures de la région de Valence en Espagne, M. Joan Callabuig, dans son discours inaugural de cet évènement qui s´est enfin déroulé en présentiel le lundi 9 mai 2022 au Palau de les Comunicacions à Valence en Espagne.

Jeunes européens et jeunes des pays voisins méditerranéens ont débattu pour renouveler ce constat : nous avons plus de points en commun que de différences.

Et comme l´a souligné Susana Sanz, professeure à l´université Cardenal Herrera, qui se sent définitivement plus proche d´une Tunisienne que d´un citoyen d´Europe du nord. D´où la remarque de M. Andrés Perelló, directeur de Casa Mediterraneo à Alicante : il est grand temps de redécouvrir la Méditerranée

Andrés Perelló, directeur de Casa Mediterraneo lors de son intervention

 

Repenser l´éducation formelle et promouvoir la formation technique et professionnelle 

L´un des grands thèmes qui a marqué ce débat entre ces 6 jeunes et le public est l´accès à l´emploi. 
Fawwaz Al Manassra, palestinien de Gaza, vit actuellement à Madrid et étudie médecine. Il rappelle que le taux de chômage officiel dans son pays est de 27 % et que paradoxalement, plus on poursuit des études longues, plus la probabilité de se retrouver au chômage est élevé. Il souligne également que le taux de chômage chez les femmes est le double que pour les hommes. Il reconnait que dans sont pays, il y aurait plus de besoin en formations techniques et professionnelles car il y a plus de débouché que de poursuivre des cursus universitaires longs.

Paradoxalement, plus on poursuit des études longues, plus la probabilité de se retrouver au chômage est élevé

Oriane Petit, française en échange Erasmus à Valence, réitère ce besoin en formation technique et professionnelle et un besoin accru de stages pratiques et d´expériences hors du système de l´éducation formelle. Ces dernières peuvent faire la différence à l´embauche.


Ana Abou-Arraj Awad, espagnole de parents libanais, confirme l´importance des expériences acquises hors cursus académique. Selon elle, les employeurs nous demandent de plus en plus de compétences et d´aptitudes qu´on n´acquièrent pas à travers l´éducation formelle. 


Quant à Josep Pastor, espagnol de Valence, est conscient de l´avantage qu´il a quand il se compare à un jeune palestinien car il a la chance de vivre dans un pays stable. Cela dit, dans le monde dans lequel nous vivons, changeant et mondialisé, il dit qu´il se retrouve en compétition sur le marché du travail avec le monde entier.


Paola Ciaccio, italienne, trouve que le marché du travail est de plus en plus exigeant. Elle a du mal à envisager son futur, à se projeter. Ce sentiment est largement partagé par ses autres compagnons de débat. Elle ajoute qu´elle est aussi de plus en plus consciente de la valeur de son travail et donc moins enclin à accepter n´importe quelle condition. 

Le marché du travail est de plus en plus exigeant. Nous sommes également conscients de la valeur de notre travail et ne voulons pas accepter des emplois dans de mauvaises conditions.

Des jeunes qui se sentent incompris par des institutions peu réactives

Quelles soit locales, régionales ou européennes, ces jeunes se sentent incompris par les institutions publiques. De plus, la jeunesse a l´impression de ne pas être prise au sérieux. A propos du changement climatique, elle est certes consciente du rôle qu´elle peut jouer mais rappelle qu´elle ne constitue qu´une partie prenante et que les gouvernements n´en font pas assez. 
De même par rapport à la guerre en Ukraine, ces jeunes souhaiteraient voir plus d´actions rapides et efficaces de la part des institutions. Si à l´échelle individuelle, on a réussi à s´organiser et à faire preuve de solidarité, pourquoi nos représentants n´en font pas autant ? souligne Nouha Abou, espagnole d´origine syro-libanaise.

Ce débat : un exercice de démocratie vivante

Pour clore cet évènement, une jeune présente dans le public à rappeler que ce débat est un exemple que nous vivons dans une démocratie. Avoir la liberté de critiquer l´Union européenne ouvertement dans un lieu public, organisé par un programme européen est bien le signe que nous vivons dans une démocratie et que cet exercice est sain et tellement nécessaire.