#WOMED - Croire en soi et ne pas être seule dans cette bataille: découvrez l'histoire de Davinia González, Espagne

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C´est le septième et dernier volet de notre série de sept articles publiés dans le cadre de la Journée internationale de la femme pour mettre en lumière des femmes qui ont réussi à casser des stéréotypes dans leur société  grâce aussi à leur participation à des projets financés par le programme  IEV CTF Med.

MERCI DE FAIRE PARTIE DE CETTE AVENTURE ET BONNE JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME À TOUTES. 


Davinia González est une femme de 41 ans de Valence, Espagne. Elle a été la première femme entraîneuse de football pour garçons dans la ville de Valence à une époque où cela était encore tabou. Elle est aussi entrepreneuse dans un secteur dominé par les hommes : le jardinage. Désormais, elle se définit comme une féministe active. Elle est bénéficiaire du projet InnovAgroWoMed financé par le programme IEV CTF Med.
 

L´enfance : une fille jouant au foot dans une société machiste
Depuis toute petite, Davinia ne voulait pas porter de jupes, se maquiller et faire de la gymnastique rythmique. Elle a brisé son premier stéréotype, le plus difficile, à l'âge de 11 ans en disant à sa famille qu'elle voulait jouer au football. Au début des années 1990, ce n'était pas courant en Espagne. Pendant de nombreuses années, elle n'a joué qu'avec des équipes de garçons car il n'y avait pas d'équipe de football féminine et ses oncles étaient totalement opposés à ce qu'elle pratique ce sport. Grâce à sa détermination et au soutien de sa grand-mère, une femme exceptionnelle qui a osé divorcer à une époque où les couples ne le faisaient pas, elle a réussi à réaliser l'un de ses rêves.


À l'âge adulte : entraîneuse de football et entrepreneuse dans le secteur du jardinage
Entre 1999 et 2007, elle est devenue la première femme entraîneuse de football de la ville de Valence. Elle s´en souvient comme une période difficile car elle a subi beaucoup d'agressions verbales et de machisme. Avec une autre femme entraîneuse de football, à chaque match, elles entendaient des commentaires tels que : allez faire le ménage, pourquoi ne pas entraîner des filles plutôt que des garçons ou entraînez au basket-ball, c'est plus féminin. Elle a eu des problèmes avec des arbitres et surtout avec d'autres entraîneurs masculins d'autres équipes. Ils ne supportaient pas qu'elle gagne, ce qui alimentait leur frustration d´être battu par une femme. Elle a toujours porté les cheveux courts. Elle écoutait même des mecs insinuer qu'il s'agissait d'un homme déguisé en femme. Elle était sur le point de traîner l´affaire en justice par la fédération de football à cause de ces agressions verbales à répétition.

“En 2005, dans la ville de Valence, il était courant d'entendre lors d'un match de football, des commentaires adressés à moi et à ma collègue entraîneuse : allez faire le ménage"


Davinia avec son équipe de football
 

Sur le plan professionnel, elle est entrepreneuse dans le secteur du jardinage, un secteur très masculin. Selon elle, 90 % du personnel des entreprises de jardinage sont des hommes. Les 10 % de femmes qui y travaillaient effectuent des tâches qui demandent plus de précision et de détails comme l'arrangement des fleurs. La plupart des travaux de jardinage nécessitent de la force physique, travailler avec des machines lourdes, utiliser une houe, tailler, creuser. Lors de sa formation dans un centre d'EFTP, il n'y avait que 3 femmes sur 23 étudiants. Son projet est de convertir les espaces gris urbains en espaces verts en offrant des services de jardinage.


Davinia est une jardinière enthousiaste dans un secteur majoritairement dominé par les hommes

Je suis une féministe active
Au début des années 2000, ce fut une période difficile pour Davinia mais ce fut aussi un tournant pour elle car elle se souvient des grandes manifestations auxquelles elle a commencé à participer le 8 mars pour célébrer la journée de la femme. Elle dit qu'elles ont commencé à être plus conscientes d'elles en tant que femmes, de leur potentiel, de leur volonté d'obtenir plus de libertés. Le mouvement généré autour du 8 mars (appelé le 8M en espagnol), leur a donné de la force et les a aidés à surmonter leurs peurs. L'émancipation était sur la bonne voie. Les médias ont commencé à couvrir davantage d'informations sur les questions d´égalité homme-femme et les lois ont suivi pour garantir plus d'égalité des sexes dans la société espagnole.

“Surtout, rester et ne pas abandonner. C'est ce que nous avons fait malgré toutes les difficultés”

Solidarité entre femmes et amour de soi
Ce qui a aidé Davinia à ne pas arrêter ce combat, à rester et à ne pas abandonner comme elle le dit, c'est de faire partie d'un groupe de femmes qui prennent soin les unes des autres. Être ensemble et faire partie d'un groupe vous apporte force et soutien. L'un de ces exemples est ce qu'elle a vécu récemment, faisant partie de ce groupe de 35 femmes à travers le projet InnovAgroWoMed. Cela l'a aidée directement à travers la formation qu'elle a reçue afin de démarrer son entreprise dans le jardinage et l'a également beaucoup aidée indirectement en faisant partie d'un groupe de femmes, toutes à la recherche d'un projet dans un secteur difficile et partageant ensemble les mêmes préoccupations, les mêmes espoirs et la même motivation.
Mais que se passe-t-il si vous êtes seul dans ce combat? Dans ce cas-là, il faut s'aimer, croire en soi et vouloir sa liberté.

Conciliation travail-vie personnelle et familiale et plus d'hommes féministes

Davinia pense que nous avons besoin de plus de lois pour concilier travail et vie de famille afin que les femmes puissent partager davantage les tâches ménagères et des soins avec les hommes, pour qu´elles aient plus de temps pour elles et réfléchissent à leurs projets personnels.
Beaucoup d'hommes restent dans leur situation confortable, ne veulent pas renoncer à leurs privilèges mais il y a aussi de plus en plus d'hommes qui soutiennent leurs femmes, et nous devons les rendre plus visibles pour qu'ils deviennent des exemples. Évidemment, cela doit être abordé par l'éducation dès le plus jeune âge.

En regardant 20 ans en arrière et en voyant comment la société espagnole a évolué en matière d'égalité des sexes, nous pouvons être très fières de ce que Davinia a accompli et de la façon dont de plus en plus de stéréotypes se sont cassés.