[InnovAgroWoMed] Interview with Marwa & Sawssen, co-founders of "Aggricus": "By persevering we can achieve everything!"

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Marwa FERSI et Sawsen BOUGUERRA, deux jeunes femmes tunisiennes qui se sont lancées dans l’entreprenariat agricole. Au-delà de leurs formations et carrières aussi complémentaires que spécialisées dans le secteur, ce qui a fait le déclic de leur partenariat, c’était surtout leur persévérance et leur appartenance toutes les deux à des milieux ruraux. 

Ces deux jeunes entrepreneures pétillantes et obstinées connaissent sur le bout des doigts les femmes rurales travaillant dans le secteur agricole et agroalimentaire ; elles sont conscientes de leurs défis, leurs problèmes et leurs aspirations. Elles ont voulu leur tendre la main et mettre leurs connaissances et leurs expertises à leur profit et au profit du secteur. Elles ont aussitôt lancé « Aggricus », une plateforme web et mobile de services agricoles, complètement dédiée aux femmes rurales, agriculteurs et agripreneurs.

Interview conduite par Hana Trabelsi – Pour le site web du Programme ENI CBC Med – Projet « InnovAgroWoMed ».

Bonjour Marwa et Sawsen, que peut-on connaitre sur vous, votre parcours d’études et vos expériences professionnelles ?

Marwa FERSI : J’ai eu en 2013 mon diplôme national d'ingénieure agronome de l'Ecole Supérieure d'Agriculture du Kef ; je suis par ailleurs facilitatrice en communication, soft skills et en entrepreneuriat ; et certifiée aussi en management de la qualité. J'ai participé à un cycle de workshops pour digital entrepreneurs à Manouba Technopark et un cycle de formation en création d'entreprise et en formation des entrepreneurs (CEFE) avec l'Agence Nationale de l’Emploi et du Travail Indépendant (ANETI), ce qui m'a aidé à enrichir mes acquis et ma vision en entrepreneuriat et à mieux maîtriser les différents volets de création d'un projet. J’ai également une expérience assez riche en tant qu’agronome, facilitatrice en entrepreneuriat, assistante qualité, enquêtrice et enseignante. 

Sawssen BOUGUERRA : En ce qui me concerne, je suis titulaire d’une licence en marketing de l’Institut Supérieur des Etudes Technologiques de Rades et certifiée en marketing digital. Je suis également spécialiste en création de contenus et certifiée auxiliaire de vie. J’ai participé à plusieurs programmes pour digital entrepreneurs. J’ai une expérience variée en tant que formatrice en digital marketing, community manager, web marketer, aide-soignante, responsable RH, secrétaire et toute ces expériences m’ont aidées à développer mes compétences en digital marketing ainsi que mes soft skills.

Vous semblez être très complices et vous avez des parcours aussi variés que complémentaires. Vous êtes également toutes les deux polyvalentes. Comment avez-vous réussi à unifier la vision et à faire un projet commun ?
Etant ingénieure agronome, j’ai toujours voulu être entrepreneure dans le domaine de l’agriculture qui représente pour moi à la fois une passion et un métier. C’est un secteur vital dans lequel il faut investir et s’investir. Etant également passionnée de la technologie et de ses avancées, je me suis dit pourquoi ne pas combiner ces deux secteurs : agriculture et technologie ? 
L’événement marquant dans mon parcours était une conversation entre deux femmes rurales qui parlaient de leur voisine qui vend des produits faits mains de haute qualité mais qui confronte des problèmes de commercialisation. Peu de temps après, j’ai participé à une session de formation en « digital entrepreneur » à Manouba Technopark et c’est là où j’ai rencontré Sawssen pour la première fois.

Nous sommes toutes les deux issues d’une zone rurale. On a toujours été conscientes des problèmes des femmes rurales et nous avons des parcours complémentaires et des visions communes qui sautaient aux yeux. Nous nous sommes aussitôt mises à collaborer et c’est là que Aggricus est né.

Aujourd’hui nous sommes les cofondatrices de ce projet et on traverse ce chemin ensemble avec tous les défis qui en découlent. Nous le traversons main dans la main, confiantes et ce qui nous réunit le plus c’est un trait de caractère aussi imposant en nous deux, celui de la persévérance.

Ce projet baptisé « Aggricus » en quoi consiste-il ?

« Aggricus » est une plateforme web et mobile de services agricoles, que nous mettons à la disposition des femmes rurales, agricultrices et agripreneures. Elle a été lancée dans le but de répondre aux besoins les plus fréquents et fondamentaux des femmes rurales en termes de commercialisation des produits de terroir, de la valorisation des produits faits mains qu’elles produisent avec tellement d’amour et de minutie mais qu’elles n’arrivent hélas à commercialiser et à mettre en valeur, ainsi que le développement de leurs compétences en marketing digital principalement. 

Nous offrons donc trois (03) services, à savoir une marketplace pour la commercialisation des produits agricoles et des produits de terroir ; l’e-assistance pour tout ce qui relève de la vulgarisation et de l’assistance ; et le e-learning pour le développement des compétences des femmes rurales en marketing digital et directe aussi.

Nous œuvrons en effet pour la valorisation des produits de terroir tunisien et africain, pour l’appui aux chaines de valeur agricoles, et pour la création de marché à l’échelle local et international et le développement des compétences des femmes rurales.

En tant que jeunes femmes entrepreneures, quels sont les obstacles socioculturels, financiers et autres que vous avez pu rencontrer ?

Le chemin n’était pas du tout facile. Être une jeune femme qui veut se lancer dans l’entrepreneuriat est un défi en soit, surtout après une longue période de chômage. Aussi, il ne faut pas oublier qu’en phase de démarrage, ce n’est pas facile d’être accepté dans les programmes d’incubation. Mais la persévérance est la clé de toutes les portes fermées à double tour. Il faut y croire et aller de l’avant, avancer et oser prendre le large contre vents et marées pour trouver et explorer les bonnes pistes. Le financement a aussi été l’un de nos plus grands problèmes, surtout qu’on n’a pas une source de revenu fixe, mais on ne lâche pas, on ne lâche rien. 

De quoi avez-vous le plus besoin pour booster votre projet ?

A ce stade, on a surtout besoin de subventions pour booster notre projet. Le Networking nous sera également d’une grande aide pour pouvoir accéder aux organismes et acteurs dans le domaine de l’agriculture et pour développer des contacts dans notre écosystème.

Covid-19 a-t-il eu un impact sur votre entreprise ? comment avez-vous gérer ces conditions sanitaires difficiles ?

La pandémie a en effet eu un impact sur notre projet et son avancement, et ce surtout après l’interdiction des foires et des expositions qui accueillaient auparavant les femmes rurales et leurs produits. La restriction de la circulation, l’annulation des visites sur terrain, et des formations en présentiel ont toutes eu un impact sur notre activité. Toutefois, on a fait de notre mieux pour profiter de ce temps de télétravail presque forcé en essayant de travailler davantage la visibilité et la notoriété de notre startup par la participation aux webinaires, et le networking digital en enrichissant notre carnet d’adresses par de nouveaux contacts d’acteurs dans l’agriculture et l’agritech à travers les réseaux sociaux (linkedIn), et les meetings via zoom, google meet, etc.

Comment envisagez-vous votre projet et votre carrière dans 5 ans ?

Notre projet sera le leader de l’agritech sur le marché Tunisien avec des extensions en Afrique pour valoriser les produits de terroir africains et faire l’appui à cette richesse et on a également mis une stratégie pour franchiser notre startup à l’international.