Avec le soutien d'ENSERES, la source de Ras al-Ain à Tyr sera préservée de l'exploitation et valorisée comme modèle de tourisme durable

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@SPA/RAC

"Notre défi est de libérer le site de Ras al-Ain d'une exploitation aveugle, de montrer son potentiel touristique et le rôle qu'il pourrait jouer dans le développement durable de la région de Tyr au sein de la réserve naturelle". Soumaya Ayadi, fondatrice d'ACE (Association pour la Communauté et l'Environnement) explique ainsi les objectifs du projet « Valorisation du potentiel géo-touristique du site de Ras al-Ain à Tyr », l'un des bénéficiaires des petites subventions mises à disposition par ENSERES au Liban.

Ras al-Ain est une source miraculeuse qui alimente en eau le centre de Tyr depuis des millénaires grâce à ses fontaines, ses puits et plus de six kilomètres d'aqueduc. Découverte à l'époque phénicienne, l'eau de la source a ensuite été canalisée et rendue utilisable par les Romains. Aujourd'hui encore, il est possible d'apprécier la force et la beauté exceptionnelles des canalisations qui, sur une courte distance, participent encore au système d'eau de la ville. Un ouvrage d'ingénierie d'avant-garde extraordinaire, un atout archéologique précieux que le temps et l'oubli ont pourtant fini par épuiser. La connaissance de la valeur environnementale et artistique du site a été perdue, ce qui a permis à certains particuliers de menacer le site avec la possibilité de nouvelles constructions. "Nous avons réalisé le danger, et nous avons immédiatement décidé de nous battre pour empêcher les 'droits' de développement immobilier, certainement l'intérêt de quelques-uns, de voler un bien à la communauté", raconte S.Ayadi.

Le projet du CAE prévoit la collecte de tout le matériel scientifique concernant Ras al-Ain, activité qui sera accompagnée d'enquêtes de terrain et de rencontres avec tous les acteurs locaux. Une étude géologique et hydrogéologique permettra ensuite une meilleure connaissance du territoire et la définition d'une cartographie claire. L'ensemble de l'étude servira ensuite à la préparation de supports de communication qui soutiendront une campagne de sensibilisation auprès de la population locale, des parties prenantes et de tous les visiteurs. Des panneaux d'information, à contenu scientifique et didactique, seront aménagés et placés à des points stratégiques du site. Une stratégie capable de valoriser les sources d'eau artésienne, de mettre en œuvre la protection de l'eau douce et de lutter contre la pollution et le changement climatique sera également proposée.

Créé en 2014, ACE peut déjà se vanter de nombreuses interventions pour protéger le patrimoine culturel et environnemental du territoire, notamment dans les secteurs de la géo-conservation, de la collecte et du recyclage des déchets, dans le développement des zones rurales et dans la valorisation des espaces verts. Soumaya Ayadi explique : « Notre équipe d'experts travaille depuis des années pour renforcer la résilience et l'identité des communautés à travers des projets liés au patrimoine naturel et culturel. Nous fournissons une base scientifique aux processus décisionnels, afin qu'ils puissent contribuer à la gestion des ressources naturelles et culturelles du Liban. Depuis des décennies, Tyr subit une pression anthropique, qui s'exerce de différentes manières. Nous sommes convaincus que le projet de mise en valeur de Ras al-Ain peut apporter une contribution décisive au développement durable de Tyr et de sa réserve naturelle ».