Dans les îles tunisiennes du Kneiss, ENSERES soutient le projet « KAIFA ». La connaissance et la sensibilisation maintiendront ensemble la tradition et les droits des femmes dans une approche durable de la pêche

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@SPA RAC / Hamed Mallat

La pêche à pied traditionnelle des palourdes a toujours représenté une ressource importante pour l'économie de nombreuses familles de l'Aire Spécialement Protégée d'Importance Méditerranéenne des Îles Kneiss en Tunisie.

Les femmes, qui ont toujours constitué la majorité de la main-d'œuvre, ont pu grâce à cette pêche se tailler une place au sein de l'économie domestique. Un chemin vers l'émancipation brutalement interrompu l'an dernier par l'arrêt biologique imposé par les autorités locales, alarmées par la réduction drastique des stocks.

En réponse au blocus, les femmes se sont tournées vers une autre espèce, le Solen marginatus, connu localement sous le nom de « couteau ». Cependant, l'activité de pêche n'est soumise à aucun type de contrôle et la récolte présente les mêmes risques que celle des palourdes. De plus, la méconnaissance du produit soumet les femmes aux commerçants intermédiaires qui finissent par exploiter leur dur labeur.

Pour ces raisons, l'une des petites subventions garanties par le CAR/ASP en Tunisie dans le cadre du projet ENSERES a été attribuée à l'association AFDIL, qui a su offrir avec le projet «FAIKA» une réponse convaincante à l'interruption de l'importante et ancienne tradition de pêche. Partant d'une analyse des stocks menée avec l'Association pour la Continuité des Générations - ACG, qui a constaté une présence importante de Solen marginatus sur le tronçon de côte de Khawela et l'île de Bassila, l'AFDIL contribuera à construire avec les pêcheuses locales un modèle de pêche durable.

« Le projet FAIKA a pour objectif principal de soutenir socialement et économiquement les sujets fragiles impliqués dans la pêche. Nous voulons orienter les activités de collecte vers de nouvelles espèces, mais toujours en gardant à l'esprit l'équilibre de l'écosystème marin », explique Salma Mhiri, responsable de l'AFDIL.

L'AFDIL « Association des Femmes pour le Développement des Iles et du Littoral», agit depuis 2014 pour accompagner le changement de la condition des femmes qui vivent dans les zones rurales du Golfe de Gabès. Ses activités ont toujours été consacrées à l'amélioration de leurs conditions économiques et culturelles.

« Nous avons toujours mis en œuvre nos projets selon des principes de durabilité, en recherchant un équilibre entre le contexte socioculturel, les besoins économiques et ceux de l'environnement, une continuité entre passé et futur », ajoute Salma Mhiri, qui conclut : « L'interruption de la pêche traditionnelle à la palourde pendant deux ans peut être l'occasion de créer un nouveau secteur de la pêche qui protège les stocks de notre précieux espace marin-côtier et soustrait la main-d'œuvre féminine à certaines pratiques d'exploitation anciennes. Nous voulons défendre la voix des femmes et convaincre les administrations locales de protéger la pêche à pied traditionnelle dans un cadre de durabilité ».