La réussite de l’expérimentation du projet CLIMA du premier prototype de lombric-compostage semi-industriel en Tunisie raconté par l'experte Samra Akef

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Samra AKEF BZIOUECH 41 ans, tunisienne, maman célibataire de deux enfants et docteur en Sciences Agronomiques et Environnement, spécialisée en Productions et Biotechnologie Végétale. 
Avait intégré le Centre International des Technologies de l'Environnement (CITET) depuis 2 ans dans le cadre du projet CLIMA en poste de compétence en lombricompostage. Depuis, notre experte avait pour mission de mener des expériences en laboratoire sur le lombric-compostage avant d’en faire une unité semi-industrielle à Mahdia, afin de mieux comprendre le comportement des verres vis-à-vis à la dégradation de la matière organique (ménagère et verte).

 

L’expérience du lombricompostage de la simple découverte à la passion 

On ne peut pas dire que le lombriculture ou le lombricompostage été un rêve d’enfance ou une passion pour Samra mais ils le sont devenu. Au début de son parcours doctoral, comme chercheuse passionnée, elle a exploré plusieurs sujets, et à chaque fois qu’elle avance dans ses recherches elle retournait à la case de départ, jusqu’a ce que sa directrice de thèse lui propose de participer à une conférence scientifique sur le lombricompostage.
C’est à partir de ce moment-là qu’elle découvre le monde des « verres rouges » et commence à s’y intéressée. A partir de 2017 elle entame son parcours de recherche scientifique sur les lombrics. Un parcours qui s’annonce difficile ; les recherches scientifiques et expérimentales en la matière sont quasi-inexistantes en Tunisie, et il n’y a pas de ferme de lombriculture reconnue. S’ajoute à cela, une réticence culturelle et psychologique basée sur l’image « écœurante » de ces petites créatures.   
Après beaucoup d’effort, et de persévérance, Samra a trouvé un petit lombriculteur qui fait de l’élevage à petite échelle, elle achète exactement 25 verres et elle se lance dans ses épreuves.  Avec le temps, Samra commence à comprendre les lombrics, à les traiter convenablement et à les aimer. « Quand j’ai commencé un petit essai d’élevage à la maison je passais de longues heures à les observer et les écouter … s’ils font du bruit je sais qu’ils sont en bonne santé… ils mangent les déchets », c’est avec cette simplicité que Samra décrivait comment ses travaux de recherche se sont développés en passion, admiration, et beaucoup de patience. 
 Mais elle n’a jamais imaginé que sa passion nouvelle, et son sujet de recherche peuvent devenir un travail, jusqu’à ce qu’elle intègre le CITET en 2020, et une nouvelle expérience s’annonce.      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La première expérience a échoué… la deuxième ont la réussie  

Samra a commencé les premiers essais avec des espèces locales, au bout de 6 semaines de lombric-compostage des analyses de qualité du produit fini ont été menés, l’équipe pas du tout surprise, confirme leurs premiers constats ; les verres locales consommes plus de minéraux donc la qualité du compost été très moyenne et moins efficace pour la plantation. 

On ne baisse pas les bras et on se lance dans la deuxième expérience ; le slogan levé par Samra. Elle a contacté plusieurs personnes et association jusqu’à qu’elle arrive à un lombriculteur qui fait l’élevage des « Eisenia fetida » qui est une espèce reconnu pour le lombric-compostage mais non identifiée en Tunisie. Samra a commencé tout d’abord, une culture domestique, oui chez elle avec ses enfants ! En constatant une première réussite et une prolifération du nombre des verres elle a « déménagé » les verres dans le laboratoire du CITET. Au bout de 8 semaines les analyses ont montré que le produit fini été plus riche en éléments minéraux et facilement assimilable aux plantes. De plus la production des verres s’est proliférée d’une manière considérable ; de 300 verres à 1800 cocons au bout de 2 mois.

On sort du laboratoire à une station semi-industrielle 

La sortie des conditions contrôlées du laboratoire à des conditions plus au moins aléatoire de la station, n’été pas facile. Les verres risquent de mourir, surtout que ce pas a été franchi le mois d’août, où il faisait très chaud en Tunisie. « J’avais peur », déclare Samra, mais heureusement l’expérience a réussi. Cette réussite, a engagé tout le monde au CITET, chaque lundi les collègues ramènent de chez eux les restes de leurs plats de la semaine pour nourrir les verres de la station. 
Sur un autre niveau le CITET, a encadré des projets de fin d’études, des étudiants en master et des stagiaires autour de l’expérience de lombric-compostage.

 

L’expérience du CITET est la première en Tunisie… mais pas la dernière comme le souhaite notre experte 

Comme expérience complète de lombric-compostage, l’expérience du CITET est la première en Tunisie, les autres sont soient des expériences théoriques dans le cadre de recherche académique ou bien un élevage non suivi. La recherche ne va pas s’arrêter ici, comme le souhaite Samra ; il faut essayer d’autres méthodes (les andains, les serres) et d’autres techniques (fumier) ou d’autres combinaisons de matières, afin de permettre plus de conditions de réussite. Avec l’ambition, de généraliser cette expérience et pourquoi pas tenter le lombric-compostage domestique.