#WOMED - Le pouvoir du sport pour émanciper les filles : découvrez l'histoire de Tamara Awartani, Palestine

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C´est le sixième volet de notre série de sept articles publiés dans le cadre de la Journée internationale de la femme pour mettre en lumière des femmes qui ont réussi à casser des stéréotypes dans leur société grâce aussi à leur participation à des projets financés par le programme IEV CTF Med.


En Palestine, elle donne l'exemple...
Tamara Awartani, est née et a grandi à Ramallah en Palestine. Passionnée de sport, elle est la co-fondatrice et directrice de l'ONG Palestine Sports For Life (PSFL), partenaire de Skills4Sports.
Depuis toute petite, elle est l'une des rares filles à participer à différentes activités sportives. Par exemple, elle était l'une des huit nageuses de toute la Palestine et l'une des cinq joueuses de karaté. Elle a représenté la Palestine en tant que seule entraîneuse de basket-ball féminin des moins de 14 ans au camp mondial pour les enfants, parallèlement à la coupe du monde FIBA en Turquie en 2010, mais surtout, elle était la seule femme entraîneuse de basket-ball pour les jeunes garçons de son pays. Ceci est juste un aperçu.


En 2000, elle déménage en Jordanie pour étudier à l'université. Outre ses études, elle joue au basket dans différentes équipes, devient membre de l'équipe nationale jordanienne de basket et participe à de nombreux tournois arabes. Elle a même joué en tant que basketteuse professionnelle pendant une saison en Allemagne. Au cours de cette période, elle a beaucoup appris sur le terrain et en dehors et a réalisé à quel point le sport contribue à construire un réseau de soutien et c´est comme si elle avait une deuxième famille.

Titulaire d'un baccalauréat en technologie de l'information et d'une maîtrise en administration des affaires, elle décide de retourner en Palestine avec la ferme volonté de redonner à sa communauté ce qu'elle a appris au cours de ces années.
Grâce au soutien de sa famille et de son mari, sa passion pour le sport et sa persévérance, elle est aujourd'hui la seule en Palestine à être une universitaire spécialisée dans le sport pour le développement et à être reconnue mondialement. Elle donne l'exemple en poursuivant sa carrière de directrice d'ONG, en poursuivant son doctorat et en ayant une famille avec 3 enfants, qui sont toujours à ses côtés pour la soutenir.

“Ayant grandi en Palestine, j'avais des opportunités limitées en termes d'espaces sûrs pour que les jeunes filles puissent jouer et pour apprendre en dehors des salles de classe. C'est ainsi qu'est venue l'idée de co-fonder Palestine- Sports4Life”

Infrastructures limitées et espaces sûrs pour que les filles fassent du sport
L'un des principaux défis pour les filles qui souhaitent faire du sport en Palestine est le manque d'endroits sûrs. En Palestine, les filles ne peuvent pas simplement aller sur un terrain ou dans la rue pour jouer au football ou à n'importe quel sport. La culture et les traditions les empêchent de se mêler aux garçons et de faire du sport dans les très rares infrastructures qui existent. La situation se complique entre 16 et 18 ans. Le sport devient moins important dans leur vie en raison des limitations culturelles et des prochaines étapes attendues telles que le mariage.


Tamara a décidé de concentrer ses efforts sur donner l´accès à des programmes via PS4L pour aider les jeunes femmes à s´émanciper, et fournir des espaces où les parents se sentent plus rassuré pour laisser leurs filles afin qu'elles puissent pratiquer le sport. Elle a travaillé avec le soutien du ministère de l'Éducation pour ouvrir les écoles après les heures de classe afin de garantir des espaces sûrs pour faire du sport encadré par de jeunes entraîneuses. Ainsi, elle a apporté une solution aux infrastructures limitées qui empêchent certaines jeunes filles de faire du sport dans des espaces sécurisés.


Karaté et basket-ball, deux des passions de Tamara

Elle développe en permanence des programmes qui tiennent compte des besoins des communautés et alignés avec certains des objectifs de développement durable (ODD) tels que la santé et le bien-être, une éducation de qualité, l'égalité des sexes, l'autonomisation sociale et économique et l'inclusion sociale. Ces programmes sont gratuit et ouverts à tous.

“"J'étais la seule femme entraîneuse de basket-ball pour les garçons en Palestine".”

De grands changements en Palestine ces 14 dernières années
Tamara est fière d´être la première femme entraîneuse de basket-ball pour des garçons en 2008. Elle a commencé avec cinq garçons lors de la première session et à la session suivante, elle avait plus de 30 garçons qui voulaient être dans son groupe. Elle a formé plus de 200 garçons.


C'est un grand changement dans l'état d'esprit des gens et des institutions envers les entraîneuses. Tamara donne l'exemple, elle a formé d'autres filles à être entraîneuses pour augmenter les femmes modèles dans la société palestinienne. Le renforcement de leur capacité à utiliser le sport comme outil de changement social et de développement, la sensibilisation à l'importance d'avoir des espaces sûrs, a contribué à ce changement.

Avant, l'une des rares options pour les filles d'accéder à des infrastructures sûres était d'être membre d'un club privé. Maintenant, il y a plus de salles de sport polyvalentes (mais toujours pas assez) et de gymnases, et surtout, l'état d'esprit envers l'importance du sport dans leur vie évolue positivement. Il n'y a que cinq salles de sport couvertes publiques à travers la Palestine.

Le sport n'est pas une compétition ; cela fait partie de votre quotidien et peut être une opportunité d'emploi.
En Palestine, la plupart des gens voient le sport comme un passe-temps ou comme quelque chose de réservé aux champions, et non comme faisant partie de votre vie quotidienne qui vous permet de grandir personnellement et d'acquérir des compétences de vie importantes en plus de contribuer à l'économie.


Aujourd'hui, l'un des défis auxquels Tamara veut faire face est de faire prendre conscience de la manière dont le sport peut offrir différentes opportunités d'emploi dans un pays où 35 % de ses habitants sont NEETS (sans emploi, sans études et sans formation). Grâce au projet Skills4Sports, elle permettra aux filles et aux jeunes qui ont étudié le sport de les former à de nouvelles compétences telles que la gestion du sport, la technologie appliquée au sport, etc., afin qu'elles soient mieux préparées à acquérir les compétences que les employeurs recherchent dans le secteur du sport en Palestine et à l'étranger. 


Emanciper les jeunes filles et garçons par le sport